Guernesey, 26 mai 1858, mercredi midi
Voilà midi qui sonne, mon cher petit homme, j’espère que tu ne tarderas plus beaucoup à venir maintenant que tes ouvriers sont partis. J’espère aussi que ton bras ne va pas pire puisque tu n’es pas encore venu le faire panser aujourd’hui. Suzanne a rencontré Préveraud ce matin au marché et lui a dit que tu souffrais toujours de ton bras, mais la bécasse n’a pas su ajouter, pour moi, que le docteur ferait peut-être bien d’aller te voir. Du reste, si cela ne va pas mieux quand tu te panseras tout à l’heure, je te conseille très sérieusement d’envoyer chercher Terrier. En attendant, j’ai déjà fait monter la table dans la lucoot [1] pour ce soir pour notre petit diner. Je ne sais pas si cela sera bien commode mais je suis sûre d’avance que ce sera très agréable ce qui est plus que la moitié du dîner surtout si tu ne souffres pas trop de ton pauvre bras. Jusque-là, je t’aime de toutes mes forces, de tout mon cœur et de toute mon âme.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16379, f. 114
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette