Guernesey, 3 avril 1858, samedi, 2 h. ¾ après midi
Que dites-vous de cette ponctualité, mon cher petit inexact, hein ? Quant à moi, je suis coutumière du fait, et vous aussi dans le sens inverse. Du reste, vous voyez que je fais ce que je peux pour combler votre lacune en vous barbouillant une restitus au cœur levé. Cependant, pour peu que vous tardiez encore quelques minutes, je serai forcée de tourner mes pouces en vous attendant, ce qui me ravira médiocrement. Ce qui me plaît d’avance on ne peut pas davantage, c’est la pensée de COLLABORER [1] avec MONSIEUR CHARLES. Ce ne sera pas la première fois, Dieu merci, que je travaille pour le père, le fils et le Saint Esprit. Aussi, je m’en flatte et je m’enorgueillis d’être de temps en temps la MOUCHE de vos sublimes coches. C’est bête comme tout ce que je vous dis là [2] mais je m’en fiche car je vous aime mieux que si j’avais beaucoup d’esprit.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16379, f. 73
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette