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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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23 mai 1848

23 mai [1848], mardi matin, 9 h.

Bonjour, mon pauvre doux bien-aimé, bonjour et amour. Je t’aime plus que jamais. Je suis confuse et malheureuse de tout ce qui s’est passé hier. Je ne comprends pas comment cela s’est fait car je ne doute pas de ta générosité et je suis bien sûre de mon dévouement. Enfin puisque ce stupide malentendu a eu lieu il faut bien se rendre à l’évidence et m’avouer que je suis une absurde Juju bête comme un pot et méchante comme un chien. Mais il faut de ton côté que tu reconnaissesa que j’ai les qualités de mes défauts et que je t’aime en proportion même de ma bêtise et de ma méchanceté. Cher adoré bien-aimé, tout cela ne sera rien si tu ne m’en garde pas rancune et si tu veux me donner ta pratique à l’avenir je te promets de ne pas gagner sur toi et même je serai trop heureuse. Si tu veux que j’y perde je me retirerai sur la quantité, plus tu viendras et moins je perdrai, il n’y que la première fois qui coûte comme tu sais. Maintenant donc ce serait tout profit pour moi.

Juliette

MVH, 8098
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « reconnaisse ».


23 mai [1848], mardi midi

Je suis déjà en retard, mon Toto, parce que j’ai eu la visite du fils de Mme Luthereau qui m’a entretenue de ses affaires assez longuement. Cependant je veux être prête pour quand tu viendras afin de profiter de l’occasion d’être avec toi si cela se peut. Pour cela il faut que je me dépêche énormément et c’est en courant que je t’écris toutes sortes de bonnes tendresses et que je t’embrasse au vol pour mieux te baiser en chair et en os et rester plus longtemps tout à l’heure avec toi.
Plus je pense à l’absurde scène d’hier et moins je comprends ce qui l’a amenée. Tout ce que je sais c’est que je t’aime avec un redoublement de vénération et que je serais heureuse de te le prouver mon courage et mon dévouement. J’espère que cette leçon d’hier profitera à mon entendement et que je ne retomberai plus dans la triste et douloureuse erreur dont nous avons été victimes trop longtemps tous les deux hier. En attendant je t’aime à deux genoux.

Juliette

MVH, 8099
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

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