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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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7 avril 1846

7 avril [1846], mardi matin, 9 h. 

Bonjour bien-aimé, bonjour injuste, bonjour qu’on vous dit et vous ? Je suis sous les armes et aussitôt après le déjeuner j’irai [reboucler  ?] ma péronnelle à moins qu’il ne fasse un temps par trop hideux. Quand je reviendrai je ferai toutes mes petites affaires à fond. Je te fais penser que je dois toujours une séance de la Chambre des Pairs à cette pauvre Julie. Dès que tu pourras me donner des billets tu nous feras un grand plaisir et à moi en particulier un grand bonheur pourvu que tu y assistes depuis un bout jusqu’à l’autre. Jour Toto, jour mon cher petit o. Et la médaille pour samedi [1] ? Voime, voime vous ne pourrez pas me la donner à cause des vacances de Pâques et de vos gamins. Eh ! bien je m’en passerai. Injuste ce sera pour l’autre samedi. ATTRAPÉa. Je voudrais bien que l’affaire de cette pauvre mère Luthereau fut aussi facile à arranger. Il n’y a rien de plus ennuyeuxb à penser que la présence de cette pauvre femme chez moi. Même pour un seul jour il faut absolument aviser un moyen de l’en éloigner mais malheureusement je n’en vois aucun jusqu’à présent et qui ne laisse apercevoir le bout de l’oreille. Tu seras sans doute plus habile, toi, aussi je ne m’en inquiète pas autrement, persuadée que je suis que, d’une façon ou d’une autre, tu résoudras la difficulté à la satisfaction de tout le monde. Je te baise. Je t’aime. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16362, f. 349-350
Transcription d’Audrey Vala assistée de Florence Naugrette

a) « ATTRAPPÉ ».
b) « ennuieux ».


7 avril [1846], mardi soir, 7 h. ½ 

Tu es bien gentil, mon Toto adoré, d’être venu passer une heure auprès de moi. Je l’ai bien mise à profit cette bonne petite heure double et j’ai rempli mon cœur et mes yeux de ta présence si aimable, si charmante, et si enviée de tout le monde, et si bénie par moi. J’espère que tu reviendras tout à l’heure c’est pour cela que je me hâte de te gribouiller ces quelques lignes pour me mettre à faire ta ceinture aussitôt après mon dîner. Je veux absolument que tu l’aies ce soir. Je devine d’ailleurs l’état dans lequel doit être celle que tu portes depuis 18 MOIS SANS LA QUITTER !!! Habit de [Lauzet  ?], tu n’es que de la Saint-Jean  ? auprès de cette ceinture-là. Cependant je vous conseille de ne porter celle-ci de ceinture que douze mois, cela fait un compte rond qui n’est pas sans charme. Essayez-en une et vous verrez. Voime, voime, vieux dégoûtant que je vous voie faire des saletés comme cela et vous verrez comme je vous interpellerai à la Chambre des Pairs devant tous les corps les plus diplomatiques et les plus féminins de l’endroit. Je n’ai pas besoin que vous ressuscitiez les traditions de Chodruc-Duclos et que vous fassiez mourir de douleur et de jalousie le président de l’autre baraque [2].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16362, f. 351-352
Transcription d’Audrey Vala assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Juliette Drouet a besoin de la médaille de Victor Hugo pour emmener sa fille Claire voir les œuvres de son père James Pradier au Louvre.

[2Allusion à élucider.

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