Paris, 24 nov[embre] [18]78, dimanche matin, 5 h. ½
Cher bien-aimé, si l’insomnie donne des droits à collaborer à Toute la Lyre, tope là. Je les ai de para les nombreuses nuits blanches que je passe depuis quelque temps. Mais, hélas ! j’ai bien peur que ce mérite-là ne te suffise pas pour m’admettre, pour si peu que ce soit, dans la confection de ton nouveau chef-d’œuvre. Ce que voyant, je rengaine ma belle imagination pour t’aimer tout bêtement à ma façon. Et à ce propos, je regrette que le déménagement de mon placard n’ait servi à rien hier. Le bon Dulac et Mme Jules Simon en sont un peu la cause. Malheureusement je crains que les ouvriers ne travaillent pas aujourd’hui, dimanche, ce qui ajourne encore la prise de possession de ce cher portrait et ce qui ne me fait pas rire. Espérons, cependant, que tous ces fâcheux retards aboutirontb demain à l’installation de ce splendide dessin qui a le double, et même le triple mérite, de te ressembler et de ressembler à Georgesc et à Jeanne. Je tâche de faire de nécessité vertu en me résignant à attendre jusqu’à demain avec toute l’impatience dont je suis capable et en t’aimant encore pire. Ça t’apprendra !
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 189
Transcription de Chantal Brière
a) « de part ».
b) « aboutirons ».
c) « Georg ».