Guernesey, 30 oct[obre 18]78, mercredi matin, 6 h. ½
Cher bien-aimé, je t’envoie mon bonjour le plus tendre et l’hommage de ma bonne nuit que je te dois puisque tu m’aimes.
J’espère que de ton côté tu as dormi et que tu dors encore comme plusieurs soupes [1]. Quant au temps, je ne sais encore qu’en penser car il fait à peine petit jour et le ciel est encombré de gros nuages très noirs. Quoi qu’il en soit, mon cher petit homme, je crois qu’il faudra nous décider à sortir tantôt, fût-cea dans une voiture fermée, afin de rompre un peu avec des habitudes trop casanières, surtout au moment de nous remettre en route ; n’est-ce pas ton avis ? Quant à moi, je continue à mettre les petits pots dans les grands dans mes… profondes avec l’espoir de les en retirer aux vacances l’année prochaine, DEO VOLONTE [2], comme tu le dis religieusement et comme je le répète avec le même sentiment d’espérance et de soumission envers Dieu et envers toi que j’adore.
Monsieur
Victor Hugo
Hauteville House
Syracuse
Transcription de Gérard Pouchain
[Barnett et Pouchain]
a) « fusse ».