1er février 1878

Paris, 1^er février [18]78, vendredi soir, 5 h. ½

Voici le premier jour de notre mois sacré, mon grand adoré, qu’il soit vécu avec amour et reconnaissance par toi comme il l’est par moi. Dans quinze jours ce sera la quarante cinquième fois que je le fêterai, le glorifierai et le bénirai dans ta personne adorée. En attendant, soyons bons et souriants aux amoureux qui nous entourent et plus encore, pour être juste, aux affligés et aux enfants comme la pauvre de Calonne [1] et l’innocente petite Sapho qui seront^a nos hôtes ce soir. J’espère que M^me Weldon ne la fera pas trop travailler ce soir et surtout pas veiller trop tard car à cet âge : quatre ans, quelque phénomène qu’on soit, on a besoin de se coucher de bonne heure. Je suis impatiente de voir comment le doux petit être se trouvera de l’accueil énergique et cordial de Petite Jeanne. Je suis sûre que tout ce monde si intéressant se sentira heureux de ta bonté si indulgente et quasi divine. Quant à moi je suis déjà tout émue au point de ne pas trouver d’expression pour le dire. Mon cœur déborde toujours ma pensée c’est pourquoi je sens mieux que je ne parle et que je n’écris. Tu le sais de reste, mon grand bien-aimé.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 29
Transcription de Chantal Brière
[Pouchain]

a) « serons ».