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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 2 août 1856, samedi, 9 h. du matin.

J’allais t’écrire, mon cher petit homme, quand tu es arrivé, pour te dire quoi ? Que je t’aime, comme si tu ne le savais pas, aussi n’est-ce pas pour te l’apprendre mais pour me faire plaisir à moi-même en écrivant ce cher petit mot qui contient toute ma vie, toutes mes joies et tout mon bonheur, que je t’impose ce gribouillis quotidien que tu as la bonté de lire avec une persévérance digne d’un meilleur style. Taisez-vous et ne faites pas semblant de me croire une SÉVIGNÉa !!! c’est-à-dire une affreuse BARBOUILLÉE dont vous vous ficheriez trop crûment. Vous avez bien assez de faire les honneurs de votre personne aux divers bas bleus qui courent après vous aux quatre coins de l’univers. Pendant ce temps-là, je reste seule à voir tourner mon ombre à mes pieds, ce qui n’est pas amusant ni rafraîchissant par la canicule qui court. J’espère pourtant que vous ne me laisserez pas, tout le temps que ces péronnelles [1] resteront dans l’île, triste et abandonnée comme un vieux chien dont on ne se soucie plus. En attendant, baignez-vous, barbifiez-vous, parfumez-vous et faites-vous beau pour achever de tourner la cervelle à ces voyageuses enragées, mais gardez-moi votre cœur intact si vous ne voulez pas que je sois la plus malheureuse des Juju.

Bnf, Mss, NAF 16377, f. 205
Transcription de Mélanie Leclère, assistée de Florence Naugrette

a) « Sévignée ».

Notes

[1Louise Colet est en visite chez Hugo avec sa fille. Juliette n’a pas confiance…

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