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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 avril 1856

Guernesey, 10 avril 1856, jeudi après-midi, 3 h.

Sans reproche, mon pauvre bien-aimé, je ne te vois presque plus et les jours même des Balthazar tu ne m’en donnes pour mon rosbeaf. Aussi mon pauvre amour mâche toujours à vide, attendant un bonheur qui est comme l’enseigne du barbier : on rase aujourd’hui pour de l’argent et gratis demain. Mais demain ne vient pas plus que le Toto et je suis toujours Juju comme devant. Tout cela fait que je n’en suis pas plus gaie ni mieux portante car je suis toujours à l’ombre et mon âme aussi. Cependant quand je pense que tu pourrais être malade ou malheureux loin de moi j’en suis si épouvantée que je me trouve heureuse par comparaison de t’attendre et de t’aimer toute seule dans mon coin, sans autre inquiétude que de savoir quand tu pourras venir me retrouver. Je sais que c’est aujourd’hui jour de poste, mon pauvre petit homme, et je tâche d’avoir de la patience et du courage. Ce dont je suis sûre de ne pas manquer c’est de t’aimer de toutes mes forces avec tout mon cœur et toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16377, f. 114
Transcription de Chantal Brière

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