Vendredi, 2 h.
[16 août 1833] [1]
Tu n’es pas revenu hier au soir – et le peu de temps que tu as passé avec moi, tu as été triste – préoccupé – Dans la première des deux choses, j’ai craint que ton genou n’ait été l’obstacle à ton retour – et je me suis tourmentée toute la nuit – Dans la seconde, j’y ai vu que tu m’aimais moins – que tu m’abusais – et t’abusais toi-même – sur les sentiments que tu éprouvais pour moi – Et alors je me suis affligée, j’ai pleuréa longtemps et fort –
Si, comme je le crains, ton amour était éteint – je te demande un aveu franc et loyal – Je suis préparée à tout – et n’exigerai pas de la misérable nature humaine plus qu’elle ne peut faire – Ne crains pas de froisser l’amante – C’est aujourd’hui la femme probe et confiante – qu’il faut respecter –
Dis-moi si tu m’aimes moins – ne fais pas la folie de me tromper – pour ménager ma sensibilité –
Juliette
[Adresse]
12e
[ Pr ?] Victor
BnF, Mss, NAF 16322, f. 60-61
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « pleurée ».