28 février 1839

28 février [1839], jeudi matin, 10 h. ½

Bonjour, mon cher petit bien-aimé. Bonjour, mon cher petit homme. Je t’aime. Je n’oserais pas en dire autant de toi car depuis six mois, j’ai le chagrin de penser le contraire. Tu n’es pas venu cette nuit, tu ne viendras pas l’autre ainsi de suite jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de Juju… Mais parlons d’autre chose car ces remarques ont l’inconvénient d’être toujours les mêmes et par conséquent fort ennuyeuses^a pour toi et fort décourageantes pour moi. Il fait un temps charmant ce matin, le soleil se fait beau et si vous étiez là, je trouverais que c’est la plus belle matinée de ma vie. Vous savez qu’il est de FRAÎCHE MATINÉE à tout ÂGE ?
Je voudrais bien profiter du beau temps pour aller voir Claire. Je vais me lever de bonne heure dans le cas où tu viendrais. Malheureusement je sais par expérience que lorsque je m’apprête à faire quoi que ce soit cela ne me réussit pas et encore bien moins lorsqu’il s’agit de toi. C’est égal j’essayerai^b encore. Je vais écrire tout à l’heure à M^me Krafft pour savoir si elle est malade car son silence est assez singulier. Comme c’est aujourd’hui le dernier jour du mois et que nous n’avons pas rompu avec le théâtre, j’entends qu’elle touche les appointements échus sauf ton avis qui sera toujours le meilleur et que je suivrai aveuglément. Je t’aime de toute mon âme. Tu es mon Toto chéri.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 211-212
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « ennuieuses ».
b) « essayrai ».