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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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3 septembre [1838], lundi, midi ½

Une autre fois, mon petit homme, ne soyez pas si discret et venez donc souper, déjeuner et dîner à l’heure que vous voudrez. J’aime mieux ça que de vous savoir, mon galantin, en tête avec une galantine quelconque. D’ailleurs vous avez si peu de temps à me donner qu’il est fort peu aimable à vous de me rogner même les quelques instants que vous consacrez à votre nourriture. Il me paraît que bien décidément, c’est par un rôle de duègne que je ferai ma rentrée sur la SCÈNE de la Renaissance. C’est bien peu intéressant. Il faut avouer que le hasard qui sort si bien de certaines femmes m’est bien contraire. Enfin, c’est assez bon pour moi. Je ris, je ris, mais je ris, mon Dieu, je ris. Aimez-moi, c’est tout ce que je demande et faites-moi jouer les rôles de centenaires, c’est bien et je suis contente. Jour mon petit o, jour mon gros To. Est-ce qu’on ne peut pas rire avec vous ?

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 195-196
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « certaine femme ».


3 septembre [1838], lundi soir, 10 h. ½

Il y a huit jours, mon adoré, que nous étions encore bien entiersa l’un à l’autre, vivant, respirant et aimant ensemble. Aujourd’hui nous faisons la même chose mais chacun de notre côté, ce qui n’a pas le même charme, pour moi du moins. Aussi suis-je triste et découragée dans l’âme. Pauvre adoré, j’admire ton ineffable bonté ou plutôt j’adore à genoux la douceur et la grandeur de ta générosité. Je me perds dans la désignation du sentiment que j’éprouve car je ne connais rien d’assez fort, rien d’assez grand, rien d’assez beau pour exprimer ce que je sens en pensant à toi. Je t’aime tous les jours davantage et j’admire et je vénère de plus en plus ta loyauté si pure et si noble. Laisse-moi te dire cela, même mal, car c’est un besoin de mon cœur auquel je ne peux pas résister. Viens que je t’aime, viens que je t’adore, viens que je baise tes pieds, viens que [je]b brûle mes yeux à tes rayons, viens que je te donne mon âme dans un baiser. Je t’attends, je t’espère, je te désire et je t’adore. Je t’ai écrit tard ce soir parce que nous avons dîné après que tu as été parti, et que je me suis déshabillée et [que j’ai] c fait mes comptes auparavant de t’écrire. Je t’aime, je t’aime, je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 197-198
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain
[Souchon, Massin]

a) « entier ».
b) « viens que brûle mes yeux à tes rayons ».
c) « et fait ».

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