Guernesey, 10 août 1857, lundi 4 h. ¼ après-midi.
Il n’est pas probable que Terrier ni Préveraud viennent maintenant avant leur dîner, mon pauvre petit homme, et peut-être même ne viendront-ils pas ce soir surtout s’ils savent l’accident [1] et le choix de Constantin [2]. Aussi je crois plus que nécessaire d’aller voir le docteur pour lui expliquer la chose, ce que tu feras toi mieux que personne et de manière à ne pas froisser sa susceptibilité naturelle, son affection et son dévouement pour toi. Je suis bien fâchée du malheur arrivé à cette pauvre créature et de la tristesse que cela va répandre dans ta maison tout le temps que cette pauvre femme sera sous vos yeux mais je ne peux pas m’empêcher de remercier Dieu de toute mon âme que cette catastrophe ne soit pas arrivéea à quelqu’un de ta famille. Cet égoïsme n’a rien qui exclue le sentiment de pitié sympathique que j’éprouve pour cette pauvre malheureuse et ma reconnaissance envers Dieu ne peut pas lui nuire j’espère. Tout cela est un avertissement de nous aimer de plus en plus car qui sait ce que l’avenir nous garde, mon cher adoré ? Quant à moi je t’aime de toutes mes forces, de tout mon cœur et de toute mon âme avec le désir de t’aimer encore davantage.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16378, f. 148
Transcription de Chantal Brière
a) « arrivé ».