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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 août 1838

10 août [1838], vendredi matin, 9 h. ¾

Bonjour, mon pauvre petit bien-aimé, bonjour mon adoré. Comment vas-tu, mon petit homme ? Je vois avec joie que nous touchons à la fin de nos maux et peut-être au commencement de l’autre MEAUX [1] ce qui nous ferait grand bien après une aussi longue détention. De toute façon la fin de ta pièce ne peut que nous être favorable : à moi l’occasion de t’admirer en entier dans ton nouveau chef-d’œuvre, à toi le repos de l’esprit et des yeux, ce qui est bien quelque chose. Et puis enfin j’espère que pendant qu’on sera à la campagne, tu pourras venir quelquefois déjeuner avec moi et souper de temps en temps. Je me berce de toutes ces bonnes illusions pour tâcher de trouver moins longue ton absence mais ça n’y fait pas grand-chose et j’aimerais mieux un bon CHIEN que deux tu auras. Quel beau temps pour aller à la campagne aujourd’hui, quel malheur de dire cela chacun de son côté sans pouvoir se réunir et s’en aller par le premier omnibus, coucou, diligence, fiacre, cabriolet, patache, bateau à vapeur, chasse-marée ou vaisseau à trois ponts venu. Je vous aime, Toto. Donnez-moi vos petits pieds à laa

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 155-156
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) Le mot et la lettre sont inachevés.


10 août [1838], vendredi soir, 4 h. ¼

Certainement, mon petit homme que j’aurai du courage puisqu’il ne s’agit plus que d’un coup ou cou de colliera. Après cela je réclame ma CULOTTE avec d’affreux crins. Je ne vous donne plus le moindre délai, je ne vous fais plus le plus petit crédit que vous ne m’ayez payé tout mon arriéré. Vous savez que j’ai toujours mal à la tête, je ne sais qu’y faire ni d’où il vient mais c’est bien ennuyeuxb d’avoir toujours mal à la tête. J’ai recollé votre bouchon, maladroit, mais je ne crois pas que ça tienne. Vous n’êtes qu’un vieux Jocrisse, vous cassez tout. Si vous étiez petit, je vous aurais donné des gifles pour vous apprendre à faire attention, mais vous êtes trop grand et je n’ose pas vous battre parce que vous me le rendriez pour exemple. Je peux vous baiser à mon aise sans craindre que vous me le rendiez, il n’y a pas de danger, vous êtes d’une réserve là-dessus bien édifiante et cependant je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 157-158
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « colier ».
b) « ennuieux ».

Notes

[1Hugo a promis à Juliette une excursion à Meaux.

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