Paris, 20 octobre [18]73, lundi matin, 7 h.
Bonjour, mon grand bien-aimé, bonjour. Je me fie à toi et je te bénis. J’espère que tu as passé une bonne nuit, ce qui ajoute encore, je crois, à ma pieuse sécurité ; j’ai déjà remis dans leur désordre les papiers, les lettres, les journaux, les brochures et les livres, dont l’encombrement t’est nécessaire, sur tous les meubles du salon et sur la cheminée ; tu les y retrouveras comme tu les as laissés hier. Je n’ai pas été fâchée hier de l’abstention de la moitié de tes invités ; seulement je trouve qu’il faut en tenir compte et ne les inviter qu’à bon escient à l’avenir, car ce petit sans façon a plus d’un inconvénient, entre autres celui de faire faire une double dépense inutile et Dieu sait que tu en as assez d’indispensables pour te priver de celle-là. Je pense que tu es trop de mon avis pour avoir besoin d’insister. C’est aujourd’hui que l’excellente Mme Meurice doit nous faire envoyer du bois et du charbon. Et c’est ce matin que son admirable et cher mari doit déjeuner avec toi à 11 h. Tâche d’être exact si tu peux. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 296
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette