Paris, 10 août [18]73, dimanche, 2 h. ¼ de l’après-midi
Cher adoré, je mets ma restitus d’aujourd’hui sous l’invocation de sainte Claire dont c’est la fête. Quand je dis ma restitus, c’est comme si je disais toi-même et avec toi tous ceux qui te sont plus chers que la vie, ton Petit Victor [1] en tête. Théodore [2], que je viens de voir et qui amenait un M. Monteil [3] qui désirait faire hommage à ta personne même d’un volume que je me suis chargée de te remettre, m’a dit que la nuit de ton fils avait été calme et bonne et qu’il se trouvait bien aujourd’hui. Je lui ai chargé de toutes mes félicitations pour lui et pour Mme Charles et je lui ai remis en même temps la musique que tu destines à ta bonne et charmante bru. Entre temps, comme on dit en Belgique, j’ai nettoyéa un petit meuble qui ferme bien pour serrer tes lettres et tes papiers ; cela fait je me mets à ta disposition, pour copier tant bien que mal ce dont tu peux avoir besoin ici. Je viens de tailler des plumes, pas celle dont je me sers en ce moment, et je te promets de m’appliquer de mon mieux. À défaut de talent, j’y mettrai tout mon cœur qui t’adore.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 234
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « nétoyé ».