Guernesey, 25 juin [18]73, mercredi matin, 7 h. ¾
Pas de chance encore ce matin, mon grand bien aimé, et je reviens bredouille de ma faction d’une heure [1], ce qui est injuste. Il est vrai que depuis trois jours j’ai tant de splendides, de prodigieuses et de sublimes compensations que je n’ai pas vraiment le droit de me plaindre. Sans compter ton magnifique cadeau qui couronnera si merveilleusement l’édifice… de mon horloge de la salle à manger. Merci, merci, merci, je suis comblée, éblouie et attendrie corps, cœur et âme. Je ne sais pas si tu as mieux dormi cette nuit que l’autre. Je le désire sans oser m’y fier à en juger par moi. J’ai hâte d’aller m’en assurer par moi-même comme si d’être auprès de toi pouvait agir rétrospectivement sur ta nuit passée. Mais ces choses-là ne se raisonnent pas, on les ressent. Je suis impatiente de te revoir parce que je t’aime, parce que je t’admire, parce que je t’adore ! Est-ce clair ?
BnF, Mss, NAF 16394, f. 191
Transcription de Maggy Lecomte et Manon Da Costa assistées de Florence Naugrette