Guernesey, 22 août 1859, lundi, 8 h. du m.
Bonjour, mon cher bien-aimé……….a interrompueb par le rayon de bonheur que tu viens de m’apporter, mon cher adoré. Merci de me faire si bien commencer la journée, merci d’avance de toute la joie que tu me fais espérer pour ce soir, merci pour toutes celles passées et dont le souvenir est si doux et si charmant à mon cœur et à mon âme. Je suis bien contente que mes bretons t’agréent [1] ; je serais bien contristée si des êtres qui me touchent de si près t’étaient antipathiques. De leur côté, ces braves gens t’admirent dans tout l’enthousiasme de leur cœur et toute la sincérité de leur âme. Justement je les entends qui parlent à Suzanne. J’achèverai mon verbiage tantôt.
23 août, mardi
Cher bien-aimé, je retrouve mon amour à la place où je l’ai laissé hier quand j’ai été interrompue par mes bretons. Je le reprends ce matin pour te le redonner encore. Les battements de mon cœur sont faits des pulsations du tien, mon âme est faite de ton âme. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Je voudrais baiser tes pieds. Tu es mon bien-aimé béni.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16380, f. 191
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) Les onze points de suspension courent jusqu’à la fin de la ligne.
b) « interrompu ».