Mardi matin, 8 h. ¼, 4 mai [1847]
Je tiens parole, mon Toto, et je me rattrapea de la journée d’hier en te griffouillant [1] coup sur coup deux feuilles de papier. On n’est pas plus tendrement ennuyeuse et plus férocement ponctuelle que je ne le suis. Je me rends cette justice à moi-même avec la conviction que tu partagesb cette opinion. Tu m’es trop sympathique en tout pour différer de manière de voir en cette occasion. Voime, voime, Juju est une vieille bête à l’unanimité. Eh ! bien, cela ne m’humilie pas. Ne l’est pas qui veut. D’ailleurs cela vous repose du genre aimable et spirituel sur lesquels vous finiriez par vous blaser. Je voudrais bien, pour mon compte, pouvoir me blaser à la longue sur le bonheur de vous voir trop souvent. J’avoue que cette fatigue ne me déplairait pas. Je la préfèreraisc au calme et à la solitude soporifique de mon existence. Ce serait une expérience à faire, en votre qualité d’académicien astronome et de pair législateur vous devriez tenter l’expérience, qu’est-ce que vous risquez ? De me rendre trop heureuse, voilà tout. Le mal ne sera pas bien grand. Allons, un peu de courage. Mon cher petit membre de plusieurs sociétés savantes, venez trop souvent et baisez-moi hardiment. Nous verrons lequel de nous deux se lassera le plus vite.
Juliette
MVH, cote 1474
Transcription de Nicole Savy
a) « rattrappe ».
b) « partage ».
c) « préférais ».