Paris, 10 mai [18]77, jeudi matin, 11 h. ½
Je sais, mon grand bien-aimé, que, comme moi, tu as eu ta nuit mi-partie insomnie, mi-partie sommeil. Je sais aussi, et j’en suis bien heureuse, que tu vas très bien. J’espère que nous aurons des nouvelles du brave Georges Périn, dût son adversaire, Robert Mitchell [1], avoir sa bedaine de bonapartiste quelque peu endommagée. En attendant, les volumes affluent chez toi avec une continuité débordante qui menace de tout envahir. C’est une remarque que j’ai déjà faite depuis longtemps que c’est surtout à l’approche d’une nouvelle publication [2] de toi que ce fléau sévit avec plus de violence sur toi. Dans ce moment-ci, la salle à manger en est littéralement encombrée. Sans compter une dame qui a demandé tout ce qu’il faut pour t’écrire, ce que Mariette lui a servi au risque de l’éterniser jusqu’à l’heure du déjeuner. Mais tu vas toi-même pouvoir faire la réponse à cette dame car Mariette te porte sa lettre à l’instant. Moi, comme toujours, j’assiste imperturbablement à toutes ces choses et je t’aime de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 126
Transcription de Guy Rosa