Guernesey, 13 août 1859, samedi matin, 8 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, je t’aime. Je devrais m’arrêter sur ce mot, le reste n’étant plus ou moins que des remplissages de caresses et de tendresse, pour achever de copier ta préface [1] et me mettre séance tenante à emboucher la formidable Trompette du Jugement [2]. Mais ma restitus une fois lâchée, il n’y a plus moyen de la retenir, c’est pourquoi tu l’auras ce matin depuis la première jusqu’à la dernière patte de mouche. Sans compter que je me suis levée plus tard que d’habitude sans savoir pourquoi. Mais nonobstant tous ces embarras de charrettes et de traversin, tu auras tes trois copies faites pour la poste de demain. Sans compter que j’entrevois d’ici au vingt-cinq quelques bons petits [cognons ?] et pas mal de cavernes qui ne me font pas trop peur. En attendant je regrette notre clair de lune d’hier tant je suis gouliaffe de plaisir et goulute de bonheur. Cher adoré, je te souris.
BnF, Mss, NAF 16380, f. 183
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette