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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 26 avril [18]77, jeudi matin, 11 h. ½

Oui, mon cher maître, je trouve parfaitement injuste ce double emploi de cocottes chez vous et chez moi. Il me semble que les vôtres suffiraient, du reste, à la consommation de plusieurs. Aussi je me révolte contre la mienne, de cocotte, et je vais tâcher de la faire déguerpir au plus vite. En attendant, je crois que nous venons de pincer sérieusement notre jeune homme… printemps. Mais quel malheur que nous n’ayons pas su à temps que les chers petits étaient tout seuls là-bas, à la frontière. Nous aurions pu, peut-être, nous donner l’ineffable bonheur d’aller les surprendre au bord de la mer. D’y penser seulement, l’eau m’en vient à la bouche et aux yeux aussi. Hélas ! toutes ces belles enjambées dans les joies inattendues sont désormais interdites. Nous sommes scellés et rivés à tout jamais à tes chefs d’œuvres passés, présents et futurs. C’est encore un assez joli sort et beaucoup de gens, à commencer par moi, s’en contenteraient (excusez du peu). Aussi je m’en contente et je prie Dieu de me faire toujours la part aussi belle jusqu’à la fin de ma vie et je te souris et je te bénis.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 114
Transcription de Guy Rosa

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