4 février 1877

Paris, 4 février 1877, dimanche soir, 4 h. ½

Tu m’as vue tout à l’heure, mon cher petit homme, bûchant mon addition sans pouvoir trouver deux fois le même total dans mon addition. Ce que voyant, je remets encore jusqu’à demain pour le finir et pour te le donner exact. En attendant, voici celui du bois et du charbon qui viendra demain matin.

bois, 1 500 k………….……78 F.
charbon, 1 500 k …………..97 F. 50
deux cents margotins [1]……..24 F.
charretiers……………...……1 F.
hommes de peine……………2 F.
portier………………………10 F.
Total de l’année dernière…..202 F. 50

Mais ce n’est pas tout. Il y a encore le blanchissage à ajouter, plus le marché pour 12 personnes à dîner le soir sans compter le déjeuner et les cinq servantes. Tout à l’heure j’ai payé 12 F. pour la réparation de ton paletot. Tu vois, mon cher petit homme, que la grande dépense se suit et se ressemble chez nous. Je t’en fais même une scie prolongée espérant toujours que tu trouveras moyen d’arrêter ou au moins d’enrayer cette grosse dépense qui pèse sur toi sans t’amuser beaucoup. Ce^a qui m’oblige à t’écrire tant d’ennuyeux griffonnages dans lesquels je ne parviens à glisser qu’avec peine le mot Je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 36
Transcription de Guy Rosa

a) Le mot, probable, est recouvert par un pâté.