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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 septembre [1846], mardi matin, 7 h. ¾

Bonjour mon cher, mon doux, mon ravissant bien-aimé, comment ton fils a-t-il passé la nuit ? Le bain lui a-t-il fait tout le bien que vous en espériez ? Comment est-il ce matin, ce pauvre cher enfant ? Est-il moins agité et moins irritable que tous ces jours derniers ? As-tu un peu dormi, mon pauvre bien-aimé adoré ? J’espère que Joséphine m’apportera de bonnes nouvelles de la nuit et j’espère aussi que tu viendras baigner tes yeux [1] avant d’aller à l’Académie tantôt. Dans tous les cas, j’irai à Saint-Séverin [2] à 4 h. Mon cher adoré, mon Victor, mon glorieux aimé, mon divin adoré, je t’aime. Le malheur est que tout ce qui sort de mon cœur si grand et si splendide passe dans mon pauvre cerveau qui le rend tout amoindri, tout terne et tout contourné mais cela n’en est pas moins toujours du bon amour pur, dévoué, inaltérable et éternel, comme l’âme dans laquellea il vit. Le jour où il me sera donné de t’en donner des preuves palpables et incontestables sera le plus beau de ma vie, dût-il être le dernier.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 117-118
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « lequel ».


8 septembre [1846], mardi après-midi, 2 h. ¼

Que je te voie vilain sale et puis tu verras ce que je te ferai. Quand je pense que tu as le front de venir me donner des leçons de propreté, à moi ! C’est merveilleux. Taisez-vous vilain dégoûtant, allez grattera vos poux plus loin, ça vaudra bien mieux. Heureusement que Charles va mieux [3], sans cela je vous renierais et je vous fuirais comme un vilain porche que vous êtes. Ah ! Dieu de Dieu, je crois que je vous ai embrassé ? Je sens que ça me dévore par toute la figure, pourvu que je n’aie rien attrapéb……c
C’est moi qui le serais, attrapéeb pour le coup, et dire que c’est un académicien, un pair de France qui a des poux !!!!!d
Il ne te manque plus que d’être loué, chanté, exalté et déifié par Le Constitutionnele, Le National et autres chiffonniers politiques et littéraires. Merci, tu le mérites bien et eux aussi. Fi le vilain qui rit de ça encore. Oh ! mais ça me gratte dans le cou, à la hanche, aux genoux et….f ailleurs bien sûr. J’en suis pleine, il faut que je me dépêche d’aller vous les rapporter tous, vilain sale.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 119-120
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « grattez ».
b) « attrappé » et « attrappée ».
c) Les six points de suspension courent jusqu’à la fin de la ligne.
d) Les cinq points d’exclamation courent jusqu’à la fin de la ligne.
e) « constitutionel ».
f) Il y a quatre points de suspension.

Notes

[1Juliette évoque dans ses nombreuses lettres les problèmes ophtalmiques de Victor Hugo.

[2L’église Saint-Séverin est une église du Quartier Latin de Paris, située rue des Prêtres-Saint-Séverin, dans le quartier de la Sorbonne.

[3Charles Hugo a eu la fièvre typhoïde.

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