Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1880 > Avril > 28

Paris, 28 avril 1880, mercredi matin, 7 h. ½

Cher bien-aimé, je t’ai entendu t’agiter beaucoup dans ton lit cette nuit, ce qui me fait craindre que tu n’aies pas encore bien dormi. Heureusement que tu n’as pas besoin aujourd’hui de te lever avant l’heure du déjeuner, et que tu peux mettre à profit toute cette matinée froide et pluvieuse et qui n’est bonne qu’à dormir. Je m’étais levée de très bonne heure avec la pensée de prendre un bain ; mais j’avais compté sans M. et Mme Lockroy qui, eux aussi, éprouvent le même besoin. Ce que voyant, je renonce à mon projet pour aujourd’hui. J’emploierai ce temps à dépouiller sommairement nos journaux pour voir si nos princes y donnent signe de vie et d’honneur. Ceux du soir, la France [1] et le National [2], ne contenaient rien encore ; je vais voir ceux du matin peut-être y trouverai-je trace d’une indignation quelconque de la part de ces illustres rejetons aussi contestés que contestables. En attendant la preuve « prouvée, prouvée, prouvée ….a prouvée » [3] de leur origine royale, je crois prudent d’être au moins très réservésb dans nos relations avec toutes ces altesses… arméniennes [4] !!!
Sur ce, mon grand petit homme, dormez un bon somme et aimez-moi en rêve, comme je vous aime les yeux ouverts.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16401, f. 113
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin

a) Les points de suspension courent jusqu’au bout de la ligne.
b) « réservé ».

Notes

[1Quotidien fondé en 1862, racheté en 1874 par Émile de Girardin.

[2Quotidien co-fondé par Adolphe Thiers, Armand Carrel et François-Auguste Mignet en 1830.

[3Citation à élucider.

[4Le propriétaire du logement de Hugo, Ambroise Calfa Nar-Bey, se prétend depuis 1878 descendant de la Maison des Lusignan qui a fourni à l’Arménie médiévale ses derniers souverains. Cette ascendance fut contestée par un descendant légitime des Lusignan d’Arménie, de Chypre, et de Jérusalem, Jacques Roux de Lusignan, qui lui intenta un procès devant le tribunal civil de la Seine en cette année 1880.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne