8 décembre [1847], mercredi soir, 4 h. ¾
Mais dépêchez-vous donc, mon Toto. Je vous attends de toute mon impatience, cher bien-aimé, je t’attends avec encore plus d’amour que d’impatience. Je t’attends comme on attend le jour, comme on attend le soleil, comme on désire le printemps, les fleurs, tout ce qui est la vie, la lumière, le bonheur, tout ce qui plaît, tout ce qui charme et tout ce qui ravit. Je t’aime et je t’attends ainsi parce que tu es tout cela pour moi.
J’ai eu la visite de la mère Lanvin que j’ai expédiée tout de suite pour être seule avec toi ce soir. Elle m’a apporté un fameux renseigne-
Jeudi matin, 9 h. ½, 9 décembre [1847]
Il n’y a aucun inconvénient pour moi à laisser mes gribouillis inachevés, ils sont tellement pareils que les jours, les mois et les années ne changent rien à leur monotonie. Et ce barbouillage pourrait être aussi bien celui du mois de juin 1837 que celui de 1837 pourrait être celui du mois de novembre 1847. C’est toujours le même amour habillé avec les mêmes mots, je pourrais dire avec les mêmes guenilles. Rien n’a changé depuis le premier gribouillis. Je n’ai rien perdu de mon cœur et mon esprit n’a rien gagné. Je vous adore comme toujours et je suis Juju comme devant, et ce sera ainsi tant qu’il plaira au bon Dieu.
Juliette
Leeds, BC MS 19c Drouet/1847/70
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen