15 juillet 1849

15 juillet [1849], dimanche midi

Tu es sans doute à table dans ce moment-ci, mon petit homme ? Ma pensée te suit et cherche à savoir où tu es, ce que tu fais et à quoi et à qu’ELLE tu penses. Pourvu que tu me sois bien fidèle et que tu me regrettes un peu. Je te permets d’être très content et très heureux loin de moi. Tâche de revenir ce soir, mon petit homme, tu ne sais pas quelle^a joie tu me feras et qu’elle douce influence ta chère petite apparition aura sur toute ma nuit. Je ne sais pas encore si j’irai à Saint-Mandé aujourd’hui à cause des offices du dimanche et aussi parce que je suis dans un état de prostration et de découragement qui m’ôte toute^b espèce de volonté de me remuer [1]. Cependant, il serait nécessaire que j’allasse m’entendre définitivement avec ce brave Curé sur cette grille dont il m’avait apporté l’autre fois plusieurs spécimens et plusieurs devis. Comme il pensait trouver mieux et moins cher à Vincennes. Voilà pourquoi je n’avais rien décidé le jour où il est venu. Si je n’y vais pas aujourd’hui, j’irai demain matin, ce qui me sera plus commode à cause de l’omnibus et je serai de retour pour midi ½. Les autres jours de la semaine je ne suis pas assez sûre de la trouver, voilà pourquoi j’insiste pour y aller demain. Mon bien-aimé adoré, je te supplie d’être heureux et de m’aimer et de venir me voir ce soir. En attendant, je vais ne penser qu’à toi et t’aimer en partie double avec toutes les tables de multiplication, de l’admiration et de l’adoration.

Juliette

MVHP, Ms a8247
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

a) « qu’elle ».
b) « tout ».