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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 juillet [1849], jeudi midi

Je t’attends, mon tout bien-aimé, n’ayant plus que ma robe à passer, ce qui ne sera pas long. Je n’ai pas voulu finir de m’habiller plus tôt parce que cela me gêne pour faire mes affaires dans l’intérieur de ma maison. C’est le parti que je prendrai désormais puisqu’il est impossible de se fier au rendez-vous que tu donnes. Dites donc, vous, vous m’avez joliment flouée l’autre fois avec vos airs de générosité. Je viens de retrouver ma note qui me prouve que votre magnificence à l’endroit de Suzanne et de moi se borne à UN SOU pour DEUX. Et voici comment je le prouve : lavande – 25 sous

omnibus le même jour – 12
omnibus le lendemain 12
premier pourboire le jour de Melle Baucoulot et Joséphine 10
Total 59

Tiens, tiens, tiens, il paraît que c’est moi au contraire qui fais erreur. Je le reconnais et vous en fais mes très humblesa excuses. D’ailleurs, j’aime mieux cela parce que vous ne m’auriez pas rendu le défaut s’il y en avait eu un, tandis que moi je vous rends JUSTICE maintenant qu’il est avéré que vous êtes le plus grand des représentants, le plus magnifique des mortels et le plus généreux des Toto. Je me prosterne à vos sacrés pieds.

Juliette

MVHP, Ms a8241
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

a) « humble ».


5 juillet [1849], jeudi, midi ½

Je continue de te gribouiller toutes sortes de billevesées en t’attendant, mon cher amour, et Dieu sait que tu me laisses le temps de t’en écrire beaucoup. Hier au soir quand tu eusa été parti, j’ai eu la visite d’Eulalie qui malgré le mauvais temps venait m’apporter une lettre de remerciement et de reconnaissance de la part de ce pauvre homme [1] à la Notre-Dame. Maintenant nous voici tout à fait engagésb vis-à-vis ces braves gens à leur rendre ce petit service qui dans leur position sera un immense bienfait, car il serait féroce de leur avoir fait espérer ce bonheur pour ne pas le leur donner. J’irai le plus tôt possible voir cette œuvre de patience et d’adresse ; pour cela, il faut que j’aie un peu de temps puisque cela ferme à quatre heures et que cela n’ouvre qu’à onze heures, c’est-à-dire les cinq heures de la journée pendant lesquelles je t’attends habituellement [2]. Il y a bien quelques renseignements dans la lettre de ce bonhomme tellesc que la hauteur et les proportions gardées dans sa petite maquette. Maintenant il reste à savoir comment on peut la louer beaucoup sans se compromettre au point de vue de l’art. J’aimerais mieux pour mon compte, et surtout pour le leur, que tu puisses voir cette cathédrale que tu as inspirée. Tu verrais tout de suite comment tourner la difficulté au plus grand profit de ce brave homme que tant de choses tristes rendent intéressants. Cher adoré, je te parle de bien à faire pour avoir le prétexte de te dire combien je t’aime, combien tu es bon, combien je t’admire et combien je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16367, f. 189-190
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « eu ».
b) « engager ».
c) « tel ».

Notes

[1Lelion.

[2Depuis le 4 juin 1849, l’Exposition nationale des produits de l’agriculture et de l’industrie est ouverte au grand public, au Grand Carré des Champs-Élysées. (Lettres inédites, p. 103.)

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