Guernesey, 27 janvier 1860, vendredi soir, 7 h. ½
Il y a juste douze heures, mon cher adoré, que j’ai demandé à Suzanne du papier pour te gribouiller ma chère petite restitus mais la nécessité de profiter de l’eau chaude de ma nuit pour me laver les pieds ce matin m’a fait reculera de minute en minute le bonheur de faire courir mes pattes de mouches après ton cher petit cœur. Ce soir je n’y tiens plus ; et, toute lecture et tout bric-à-brac cessant je te dévide ma petite peloteb d’amour jusqu’au bout. D’abord vous aurez votre château dauphin. Si je vous le fais désirer c’est pour avoir l’air d’avoir quelque mérite à vous le donner quoiqu’au fond je suis trop heureuse de vous le donner. Oh oui ! C’est bien vrai mon adoré que c’est avec un bonheur mêlé de reconnaissance que je te cède ce charmant petit vide poche à la condition qu’il ne sortira pas de ta chambre et qu’il ne servira qu’à toi [illis.] [qu’un autre partage ?]. Bien entendu je te baise de toute mon âme.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16381, f. 6
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « reculé ».
b) « pelotte ».