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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 juillet [1844], vendredi matin, 10 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, ma vie, bonjour, mon âme, bonjour, ma joie, comment vas-tu ce matin, mon adoré ? Je t’aime, mon Victor. J’ai rêvé de toi toute la nuit ; après les douces paroles que tu m’avais dites je n’avais pas le droit de faire de mauvais rêves, et cependant, j’en ai fait d’affreux. Aussi, je ne voulais plus me rendormir dans la crainte de retomber dans ce hideux rêve. Pauvre ange adoré, toi, si doux, si beau, si bon, si charmant et si tendre dans la réalité, tu deviens un monstre atroce dans mes cauchemarsa. Je t’en demande pardon, mon cher bien-aimé. Comment vas-tu, toi, mon Toto ? As-tu pris un peu de repos cette nuit ? Tu n’as pas été mouillé dans tes courses ? Je pense à toi sans cesse. Tu es mon pauvre enfant doux et ravissant. Je t’aime passionnément car tu es le plus beau et le plus adorable des Toto. De quelque côté que je retourne mon cœur, je le trouve plein de toi. Je t’aime, mon Victor, je t’aime, je t’aime. Je ne sais pas te dire autre chose parce que je ne sais pas autre chose et que je ne sens pas autre chose que mon amour. Je baise tes chers petits pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 229-230
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « cauchemards ».


5 juillet [1844], vendredi soir, 6 h.

Tu m’as trop tenu parole, mon pauvre amour, mais, j’espère, pour me consoler, que tu me la tiendras jusqu’au bout et que tu viendras souper ce soir, je fais tout préparer pour cela. Si tu venais dans ce moment-ci, tu croirais que je me suis trouvée mal ou tu me prendrais pour Cornichon échappé de son bocal tant je sens le vinaigre. Cela tient à une tâche d’encre que je viens d’enlever sur mon peignoira par ce procédé [illis.] mais sûra. Cela est très expéditif et ne brûle pas le linge comme le sel d’oseille. C’est à Eulalie que je dois ce nouveau renseignement. Tu pourrais le transmettre à Mlle Dédé si tu le trouvesc nécessaire. J’ai vu Mlle Féau, elle m’apportait un bonnet sans sa note, je lui ai tout de même donné les 70 F. en attendant sa facture. J’ai bien fait, n’est-ce pas ? J’ai fait venir de l’huile et j’ai payé Eulalie et j’ai de reste 5 F. 13 s. pour demain, plus l’argent des créanciers. Tu vois que c’estd affaire à moi pour dépenser de l’argent à pleine main. Pauvre adoré, quand je pense avec quelle peine tu le gagnes, je n’ai plus le courage de rire. Je suis honteuse de mes dépenses et de mon inutilité. J’ai le cœur plein de confusion et de regrets. Je voudrais baiser tes pieds et te demander pardon.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 231-232
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « peignoire ».
b) « sûre ».
c) « trouve ».
d) « cette ».

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