Mercredi, 1 h. ¼ après midi
J’ai toujours une grande tentation d’aller vous surprendre, mon cher petit homme, parce que j’ai toujours envie d’être avec vous partout où vous êtes. Mais je crains aussi de vous croiser, ce qui serait un grand désagrément pour tous les deux. Et puis d’ailleurs, aujourd’hui, je suis forcément retenue au logis à cause de cette stupide Cugnières qui n’est pas encore venue. Je l’attends de pied ferme.
J’ai bien envie de vous faire une scène pour vos sorties si matinales et si peu motivées. Je ne suis pas obligée d’être tranquille sur vos allées et venues, à toute heurea et en tout lieu. Il y en a un surtout de lieu que je vous défendrai d’approcher de plus d’une portée de canon. Je parle de l’Arsenal de Mme +++ [1]. Et puis je ne sais pourquoi vous êtes sous les armes dès le matin. J’ai bien peur que ces barbes si bien faites avec l’aurore ne soient de fameuses q/ pour moi avant le soir. Il faudra que je veille un peu à tout cela.
En attendant, je me borne à vous aimer de toute mon âme et de toutes mes forces.
Juliette
Lanvin m’a apporté tantôt une lettre de Mme [S. ?]
[Adresse :]
À toi mon amour
BnF, Mss, NAF 16324, f. 13-14
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « tout heure ».