Dimanche matin, 11 h. ¼
Depuis que vous êtes parti, mon cher petit Toto, je n’ai fait que penser à vous. Cela veut dire que je n’ai fait que vous aimer. J’ai trouvé ce matin votre machine infernale derrière la porte vitrée mais je ne comprends pas du tout à quoi cela peut vous servir. Au reste, cela ne me regarde pas et ce que je vous en dis ce n’est que pour causer. Mon rhume continue à me persécuter, je ne sais plus du tout à quel SAINT M’AVOUER. Et je vois bien que tous les jus du monde ici ne feront rien [1]. Pourtant il en est un que je veux encore essayer, après quoi je vous tirerai ma révérence. Ceci est une affaire convenue.
Il fait un fameux temps aujourd’hui. Je voudrais pouvoir en profiter avec vous, mais vous êtes si occupé que je n’ose même pas vous attendre un tout petit moment dans la journée. Mon pauvre petit ange, tout ceci est dit et sera supporté avec résignation. Je sais bien, je sais trop bien qu’il faut que vous travaillieza. Toute ma crainte est que vous ne succombiez à cette excessive fatigue. Mon pauvre ange, je t’aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16323, f. 139-140
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « travaillez ».