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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 novembre [1839], mercredi soir, 5 h. ½

Vous ne me faites pas beaucoup sortir, mon adoré, c’est une justice à vous rendre. Demain sans doute vous aurez l’espièglerie de me proposer d’aller chez la mère Pierceau, mais je vous préviens que je n’en serai pas la DUPE attendu que vous êtes suffisamment prévenu que c’est son jour de sortie chez la mère Triger. Vous êtes une bête, baisez-moi. J’ai gardé mes brodequins jusqu’à présent ils ne m’ont pas fait de mal, mais il est vrai de dire que je n’ai pas bougé de place et que j’avais très froid aux pieds. Je renouvellerai l’expérience demain et les jours suivants et, pour peu qu’ils me blessenta le moins du monde, je les rendrai au cordonnier. Je n’ai pas reçu de réponse de Mme Krafft, j’espère qu’elle consentira à attendre jusqu’à l’époque indiquée car s’il nous fallait trouverb cet argent-là tout de suite, je ne sais pas trop comment nous ferions et je trouverais plus court de renoncer au manchon avec ça que pour fin FINALE de mes affiquets d’hiver j’ai encore mes deux chapeaux chez Gérard. Par exemple, je me pends derrière ma porte s’il m’arrive de m’acheter quoique ce soit pour ma toilette d’ici à six mois. J’en suis toute effrayéec et cependant je ne me suis pas achetéd quoi que ce soit d’indispensable excepté le MANCHON. Toujours est-il que ce sont tes pauvres yeux qui font les frais de tout ça et que je vais apporter la plus sévère économie dans tout mon intérieur. C’est bien le moins, mon pauvre adoré. Reviens bien vite, mon Toto, que je baise ta chère petite bouche jusqu’au fin fond. Vous ne m’avez pas apporté le Vert-vert [1], il [y] a deux jours qu’il a encore manqué. J’espère que ce n’est pas avec intention et que tu ne me caches rien, n’est-ce pas mon Toto chéri ? Moi non plus je ne te cache rien et je te suis bien fidèle.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16340, f. 47-48
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « qu’il me blesse ».
b) « trouvé ».
c) « effrayé ».
d) « acheter ».

Notes

[1Quotidien des spectacles fondé en 1832 par Anténor Joly.

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