Guernesey 15 avril [18]70, vendredi soir, 3 h.
J’ai tellement bien dormi, mon cher bien-aimé, que je dormais encore quand Gore est venu commencer sa journée à sept heures. De là la nécessité de mettre en train toutes les besognes à la fois coûte que coûte à ma chère petite restitus. Je me hâte de rattraper ce temps perdu pour mon cœur en te gribouillant dare-darea, toutes choses cessantes. Quel beau portrait de ton Charles ! Quelle joie Petit Georges ! Quel attendrissement et quel bonheur la lettre toute entière ! J[e l’] ai lue, relue et relue encore jusqu’à la savoir par cœur. Il paraît désirer commencer sa villégiature avec toi par Jersey. Je n’y vois pas d’inconvénient quant à moi. Toi seul peut [te] prononcer sur le plus ou le moins d’opportunité de cette combinaison. Pourvu que tu sois heureux et ton Charles aussi c’est tout ce que je demande : est-ce clair ? Je suis d’avance de l’avis qui prévaudra, est-ce assez crâne ? Quand tu écriras à ton bon Charles remercie[-le] bien tendrement pour moi de son affectueux souvenir je rends à millions à Petit Georges le baiser que son cher petit papa m’a donné. Quant à ceux de Grand Papa, je ne les rends à personne, je les garde tous pour moi, attrapéb ! ! !
BnF, Mss, NAF 16391, f. 106
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette
a) « dar, dar ».
b) « attrappé ».