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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 8 octobre 1860, lundi midi

J’espère, mon cher bien-aimé, que la fameuse ÉPREUVE DU BAIN [1] se passera sans grincement de dents et sans aucune tristesse pour aucun de nous deux aujourd’hui. Cependant je ne suis pas sans une certaine vague inquiétude qui ne se passera que lorsque cette action SUSPECTE (prendre un bain) ! sera terminée. En attendant, j’ai comme une petite fièvre d’agitation dont je ne suis pas maîtresse. Mais tout cela n’est rien si nous pouvons [tourner ?] sans ennui et sans contrainte cette difficulté terrible de la baignoire. J’ai mis près d’un an avant d’oser prendre une aussi formidable résolution tant je redoute les collisions entre nos deux cœurs. Espérons que je n’aurai pas perdu pour attendre et que tu comprendras qu’une pauvre femme vieille et souffrante peut prendre un bain sans cesser d’être une honnête femme pour cela : je te dis tout cela moitié souriant moitié pleurant avec un petit tressaillement nerveux qui voudrait simuler la bravoure mais qui n’est au fond qu’un signe de lâcheté et de peur. Je ne dis pas : « je voudrais bien m’en aller » mais : je voudrais bien être REVENUE sans encombre et sans soubresauts pour toi et pour moi. En attendant, je t’aime de toute mon âme, je ne peux pas faire plus ou mieux.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 264
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette


Il est 2 h. sonnés. J’ai encore mon manteau, mon chapeau et mes gants à mettre. Si tu n’es pas venu d’ici-là, je prendrai sur moi de m’en aller. MAIS TE VOILÀ. QUEL BONHEUR !!

BnF, Mss, NAF 16381, f. 265
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

Notes

[1« JJ. a pris un bain de mer chaud ». Hugo est un fervent adepte des bains de mer qui « non seulement donnent tout, mais guérissent de tout [...] ». Juliette l’encourage mais lui conseille tout de même de rester prudent après deux baignades qui auraient pu lui être fatales. Pour elle, cela comporte moins de danger puisqu’elle utilise alors une cabane à roues tirée par un cheval. (CFL, t. XII, p. 1345.)

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