Guernesey, 30 sept[embre] [18]72, lundi matin, 6 h. ½
Bonjour, mon tout bien-aimé, j’espère que tu as bien dormi puisque tu as déjà accroché ton signal [1]. Moi aussi j’ai très bien dormi et je t’aime à cœur que veux-tu. Ce qui n’empêche pas le diable de battre sa femme, la pluie de tomber et le soleil de briller dans ce moment-ci. Tout cela promet du beau temps pour demain pour tes chers hôtes grands et petits. Ne pouvant pas les retenir plus longtemps parmi nous, souhaitons-leur le bonheur sous toutes les formes et appelons sur eux tous les bienfaits et toutes les bénédictions de Dieu. La consolation à leur absence sera de les savoir bien portants et heureux. Notre bonheur à nous c’est de les aimer. « Ceux qui les aiment ont bien assez de leur amour [2] ». Comme ils ont été adorables tous les deux [3] hier pendant cette petite fête ! J’avais les yeux éblouis de leur beauté et le cœur inondé de leur joie. Il me semblait sentir dans mon âme les frémissements de leurs petites ailes d’anges, et je leur étaisa reconnaissante de leur gaîté naïve et bruyante. Soyez bénis autant que vous êtes aimés, chers enfants, afin que votre bonheur retienne le plus longtemps possible votre cher Grand Papapa sur la terre. C’est la prière ardente que je fais pour lui et pour vous à toutes les minutes de ma vie.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 265
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette
a) « était ».