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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 16 juillet [1872], mardi soir, 4 h. ½

Tu as raison, mon cher bien-aimé, de ne pas vouloir que je fasse mauvaise mine à beau jeu et d’exiger que je surnage d’autant plus que je coule à fond. Je ne demande pas mieux que de réagir contre ma fatigue dussé-jea y user tous mes nerfs. Malheureusement je ne crois pas que tous les efforts réunis de ma force, de mon courage et de mon amour suffisent à empêcher la force des choses de produire leur résultat qui est en ce moment pour moi une immense fatigue doubléeb d’une grande souffrance. Je préfèrerais de beaucoup une maladie aiguë où la vie est en jeu que cet état morbide qui me rend insupportable à moi-même. Ce n’est pas une raison, hélas ! je ne le sens que trop, pour en attrister ta vie. Mais que puis-je faire quand la douleur va jusqu’au vertige ? Te sourire ? C’est ce que je fais le plus souvent mais pas encore assez puisque tu t’aperçois de mon découragement quelquefoisc. Enfin je vais tâcher de me surveiller encore plus si c’est possible et je commence tout de suite. J’espère que Guernesey en me donnant quelque répit me rendra la tâche légère. En attendant mon corps, mon cœur, mon âme font force de voile, de rame et d’amour pour marcher de conserve avec toi non seulement dans cette vie mais dans l’autre. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 203
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « dussai-je ».
b) « doublé ».
c) « quelques fois ».

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