Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1872 > Juillet > 9

Paris, 9 juillet [1872], mardi, 1 h ¾ après-midi.

Que tu es bon, mon grand bien-aimé, d’être venu me voir et de m’avoir amené Petite Jeanne tout à l’heure. Mais quel danger ces deux chers petits êtres ont couru hier ! Cela [me] bouleverse rien que d’y penser. Pauvre Petit George et pauvre Petite Jeanne, je remercie Dieu que vous en soyez quittes tous les deux pour vos bosses et vos meurtrissures à la tête et à l’œil car vous pouviez vous tuer, chers petits imprudents. Cet avertissement trop sévère pour vous redoublera je l’espère la surveillance de vos bonnes. En attendant, voilà le pauvre Flameng arrêté court dans son élan de portraitiste jusqu’à ce que vos deux jolies petites figures soient revenues à leur splendeur naturelle. À ce propos je suis plus que jamais de l’avis du « bon Josuah [1] » si jamais on m’y reprend, à poser, on sera bien malin ah ! Mais non ! oh ! Mais non ! de non ! De non ! C’est déjà trop d’une fois. Et dire qu’il faut encore crever de chaleur par dessus le marché c’est à s’en fiche à l’eau et à y rester jusqu’à ce que la rivière prenne. Je ne sais pas comment nous ferons pour supporter la température du Théâtre Français ce soir malgré la réfrigérante Andromaque et tous sesa complices en tragédie [2]. Heureusement nous suerons de compagnie.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 195
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « ces ».

Notes

[1Joshua Farnaby, personnage de Marie Tudor qui déclare (I, 2) : « Vois-tu, Gilbert, quand on a des cheveux gris, il ne faut pas revoir les opinions pour qui l’on faisait la guerre et les femmes à qui l’ont faisait l’amour à vingt ans. Femmes et opinions vous paraissent bien laides, bien vieilles, bien chétives, bien édentées, bien ridées, bien sottes » et que Juliette avait déjà cité dans la lettre du 8 juillet 1872 illustrant sa séance de pose avec Flameng.

[2Andromaque fut repris au Théâtre-Française le 4 juillet 1872, mis en scène par Emile Perrin. Le soir du 9 juillet, on retrouve Jules Laroche dans le rôle de Pyrrhus, Mlle Favart dans le rôle d’Andromaque. Mounet-Sully et Mlle Rousseil firent également leur début le 4 juillet respectivement dans les rôles d’Oreste et d’Hermione.
La presse semble leur être plutôt favorable, on peut lire dans le numéro du 10 juillet de L’entr’acte ces mots d’Achille Denis : « Toute la presse est unanime pour saluer de ses acclamations l’important début de M. Mounet-Sully et Mlle Rousseil dans Andromaque. » Dans le Siècle, par M. Bieville : « Mlle Favart a été très applaudie dans le rôle d’Andromaque, qu’elle rend avec une grande noblesse, mais où elle serait plus touchante si elle semblait plus réellement émue. » Enfin, dans le Soir, par Jules Claretie : « M. Mounet-Sully, parmi ses défauts, a deux qualités énormes : la foi et la jeunesse. Il croit à ce qu’il joue et il rend ce qu’il ressent avec beaucoup de feu. »

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne