Paris, 29 juin [1872], samedi matin, 9 h.
Cher bien-aimé, comment a été cette nuit ? As-tu un peu mieux dormi que l’autre ? Je serais bien contente si j’avais la certitude que tu as eu une complète bonne nuit. Dans le doute je m’abstiens de toute joie anticipée. Suzanne continue d’être très souffrante et n’a pas fermé l’œil de la nuit. La pauvre fille n’en persiste pas moins dans son travail, ce qui ajoute encore à son mal. Aussi je souhaite ardemment que quelque prompte résolution prise par toi nous force tous et toutes à prendre quelque temps de repos. À ce propos tu ferais peut-être utilement pour ton projet d’en parler aujourd’hui même à ta belle-fille et à ton fils [1]. Il me semble que le moment opportun est venu de t’entendre une bonne fois avec tes enfants. En attendant, mon cher grand bien-aimé, je rassemble mes dernières forces et le reste de mon courage pour t’aimer, t’admirer et te servir de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 186
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette