Guernesey, 23 janvier [18]70, dimanche, 5 h. du soir
Je profite de la dernière heure de jour de cette grise journée pour te gribouiller un peu de mon cœur, mon cher adoré. J’ai voulu mettre à jour tous les Rappels dont je n’avais lu que les premières pages [1]. Cette lecture ainsi que quelques coups d’œil jetés sur les articles que tu m’avais signalés dans plusieurs journaux m’ont encore mise en retard plus que de coutume ; car je ne suis pas habillée et mon couvert n’est pas mis. Mais en me dépêchant bien j’espère être prête à te recevoir tout à l’heure. Mariette m’a dit que Kesler n’avait pas eu une bonne nuit, ce qu’elle attribue à l’état colérique dans lequel il est continuellement. Le pauvre finira par se tuer s’il persiste dans son irascibilité. Après cela il n’est probablement pas en son pouvoir d’être autrement. Je le plains et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 24
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette