Bruxelles, 12 août [18]68, mercredi, 8 h. ½ du m[atin]
Cher adoré bien-aimé, avant de me vanter de ma bonne nuit, je voudrais bien savoir comment tu as passé la tienne. J’ai peur que l’accident de la femme de chambre de ta femme [1], s’ajoutant aux mille préoccupationsa dont tu es assailli en ce moment, ne t’ait empêché de dormir, sans compter les trois verres de vin de Champagne de Joly qui, à eux seuls, peuvent t’avoir donné une insomnie d’autant plus carabinée que tu n’en bois jamais. Tout cela m’inquièteb pour ta nuit et je ne serai tranquille que lorsque tu m’auras donné de bonnes nouvelles de toi et de toute ta maison. J’ai retrouvé mes lunettes en rentrant hier soir, ce qui fait que je n’ai pas eu besoin de me servir des tiennes que j’ai serrées tout de suite en lieu sûr. Maintenant il me serait doux de te donner en bloc un bon gros baiser qui te couvrirait tout entier.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 221
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « préocupations ».
b) « tout cela m’inquiette ».