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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 décembre [1840], dimanche midi

Vous n’avez pas pris goût à mon lit, ni à mes caresses, ni à mon amour, mon Toto, car vous n’êtes pas revenu. Je ne vous en veux pas, bien entendu, mais je [ne] sais qu’en penser. Je voudrais savoir aussi pourquoi vous m’avez supprimé la moitié du journal Le Corsaire [1] que vous avez apporté hier ? Comme je ne comprends rien à votre procédé bizarre, vous ne trouverez pas mauvais que j’envoiea la bonne chercher le journal entier, tout à l’heure, au premier cabinet de lecture venu.
J’ai très mal à la tête ce matin et pour un peu je ne me lèverais pas de la journée tant je souffre de partout. Je vous aime, Toto, mais je n’en saurais pas dire autant de vous. Je ne sais pas si cela tient à la saison, ou à vous, ou à moi, mais je sais que vous n’avez plus la même ardeur, ni le même entrain, ni le même amour pour moi qu’autrefois. Jour Toto, jour mon petit homme. J’ai tout plein mon cœur, mon âme, mes yeux et ma bouche d’amour que je voudrais vous donner. Je vous aime, j’ai bien mal à la tête mais je vous adore. Tâchez de venir bientôt me voir. Je vais laver et repasser vos mouchoirs. Baisez-moi vilain monstre.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16343, f. 275-276
Transcription de Chantal Brière

a) « j’envoye ».


27 décembre [1840], dimanche soir, 4 h. ¼

Il est probable, mon Toto, que je ne verrai personne aujourd’hui. Je voudrais échanger toute une soirée de femelles contre une minute de vous qui êtes un fameux mâle, à ce que vous dites, mais je suis sûre qu’avec l’instinct qui vous distingue vous ne viendrez peut-être que très tard dans la soirée. Je n’ai pas encore envoyé chercher le numéro du Corsaire [2] mais vous ne perdez pas pour attendre. J’ai lavé et repassé vos mouchoirs qui sont forta bons et forta beaux, enfin je suis habillée et toutes mes affaires prêtes. Il me semble que le temps est un peu radouci et que le brouillard est tout à fait tombé. Vous seriez bien gentil de me faire sortir ce soir, j’ai un mal de tête affreux et qui demande de l’air à cor et à cris. Voilà deux mois bientôt que nous sommes revenus [3] et je ne suis sortie en tout que deux fois dont une pourrait ne pas compter. Je te demande cela, mon adoré, parce que je sens vraiment que j’en ai besoin après cela je n’y compte pas car je sais que tu as toujours beaucoup de choses à faire. Je t’aime mon amour, tâche de venir bien vite.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16343, f. 277-278
Transcription de Chantal Brière

a) « forts ».

Notes

[1Le Corsaire : quotidien spécialisé dans les spectacles, la littérature et les arts.

[2Le Corsaire : quotidien spécialisé dans les spectacles, la littérature et les arts. La veille Juliette a reproché à Hugo d’avoir ôté la moitié du journal avant qu’elle ne le lise.

[3Juliette et Hugo sont rentrés de voyage le 1er novembre.

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