Guernesey, 17 décembre 1868, jeudi matin, 8 h. ½
Bonjour, mon cher bien-aimé. Je serais très heureuse si ta nuit a été meilleure que la mienne qui a été comme toujours coupée d’insomnie et lardée de douleurs. Mais tout cela n’est rien si tu as bien dormi, si tu me souris et si tu m’aimes comme je t’aime. Je ne te parle de cela que parce que tu l’exiges absolument. Autrement je tâche de ne plus songer à mes bobos, ne fût-cea que pour les vexer par mon stoïcisme. D’ailleurs ma santé générale n’a jamais été plus satisfaisante qu’en ce moment. Autre guitare, faudra-t-il, si ces messieurs viennent demain, leur faire étrenner les beaux couteaux [1] ? J’oublie toujours de te le demander, ce qui n’a pas autrement d’importance. Ce qui en a davantage, c’est le renouvellement de l’annuité de l’entretien de ma chère tombe [2] au 1er janvier prochain. Je t’y fais penser pour que tu aies la bonté de me donner un bon de 30 francs pour cela sur M. P. Meurice. Je ne te remercie pas, je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 345
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « ne fusse ».