Guernesey, 16 décembre 1868, mercredi matin, 8 h.
Bonjour, mon grand bien-aimé, j’ai bien dormi et je m’en vante car j’y ai quelque mérite puisque c’est en dépit de mes douleurs qui me tourmentent plus que jamais. Et toi, mon grand petit homme, comment s’est passéea ta nuit ? J’espère qu’elle a été bonne autant et plus que la mienne. Je ferai ce que tu voudras pour les de Putron. Du moment où tu désires quelque chose, mon devoir et mon plaisir doivent être de le faire sans hésiter. Je ne sais pas si tes Jersiais viendront ce matin car la nuit a été très agitée. J’attendrai pour envoyer au marché que le packet soit arrivé. La mer est très calme ce matin, ce qui a pu et dû les décider tous les deux, Duverdier et Asseline, à BRAVER LE COURROUX DES FLOTS. Nous en aurons le cœur net bientôt. En attendant, je suis venue me refourrer dans mon lit d’où je te gribouille toutes ces niaiseries parmi lesquelles se trouvent pêle-mêleb, bouci-boula, toutes les tendresses de mon cœur.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 344
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « s’est passé ».
b) « pêlent-mêlent ».