Paris, 30 juin [18]74, mardi matin, 8 h.
Sois béni, mon grand bien-aimé, dans ta famille, dans moi, dans tous ceux que tu aimes et que le bonheur soit avec toi comme mon amour. C’est aujourd’hui le dernier jour de mon mois noir. Qu’il soit béni aussi pour l’espérance qu’il me laisse de revoir bientôt ma Claire, un de tes anges là-haut et le mien [1]. Je la prie de faire que le mois blanc dans lequel nous entrerons demain, et qui est celui de ta fête, te soit heureux, souriant et rayonnant comme les yeux de tes deux adorables enfants que j’admire et que j’aime presque autanta que toi. Tu m’as fait hier une promesse charmante et qui me remplit de joie, celle de copier bientôt une partie des vers merveilleux, puissants, grandioses et sublimes que tu nous as lus depuis notre retour à Paris. Cette promesse, je la retiens, j’y compte, je l’attends, je l’implore et j’en demande à genoux et les mains jointes la prompte réalisation. En attendant, je t’aime et je te remercie avec toute l’effusion de mon amour pour ton beau cadeau d’hier. Mais surtout, par-dessus tout, pour ton adorable bonté pour moi. Je baise ton grand front divin.
BnF, Mss, NAF 16395, f. 123
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette
a) « presqu’autant ».