Bruxelles, 9 août [18]68, dimanche, 7 h. du m[atin]
Bonjour, mon adoré bien-aimé, bonjour à toi et à tous ceux que tu aimes autour de toi. J’espère que ta nuit n’a rien à envier à la mienne qui a été absolument bonne. Cependant, je ne prendrai pas encore de bain aujourd’hui pour ne pas troubler l’apaisementa de ma crise [1] qui s’achève peu à peu. Dès qu’elle sera tout à fait passée, je prendrai comme moyen préventif ma série de bains au bicarbonate de soude et l’eau de Seltz [2] à table. Quant à l’infusion de café en grainsb, je n’y attache aucune importance et je passe outre jusqu’à nouvel ordre. Je suis furieuse de ce rabâchage diafoirique que tu exiges de moi tous les jours quand j’ai tant d’autres choses à te dire plus importantes et qui me plaisent mieux. Je te remercie de m’avoir enlevé tout de suite hier la petite épine soupçonneuse qui ne demandait qu’à m’entrer jusqu’au fond du cœur. Une seule parole honnête et tendre de toi a suffic pour me l’ôter et je ne sens plus maintenant que le bonheur de t’adorer en toute confiance et en toute conscience.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 218
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « l’appaisement ».
b) « café en grain ».
c) « a suffit ».