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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 novembre [1837], samedi matin, 11 h. ½

Bonjour mon cher petit homme bien aimé. Je me lève tard non pas parce que j’ai dormi mais parce que je souffrais des reins et du bas-ventre. Je ne me sens pas encore mieux, cependant j’en prends mon parti. Jour on jour. J’ai trouvé votre vraia parapluie tout à l’heure, et donc l’avez-vous retrouvé ? Ne croyez pas vous mettre à couvert sous un mensonge quelconque car à l’instant même tomberait sur vous une grêle de giffes que votre parasol ne parerait pas du tout. Il fait un froid de chien ce matin. J’ai parcouru en entier le 1er volume de 1834 [1], de sorte que mon petit travail ira tout seul et très vite et que vous ne me gronderez plus.
Cher petit homme adoré tous les jours plus, c’est bien vrai, et s’il y avait des paroles assez énergiques pour exprimer tout ce que je sens tu en serais ravi.
Tu vas venir tout à l’heure, n’est-ce pas ? D’abord j’ai besoin du volume en question pour faire le relevé général des représentations S. et CD [2]. Et puis je te verrai, et puis je te parlerai, et puis je te baiserai, et puis je serai la plus heureuse des femmes comme j’en suis la plus amoureuse.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16332, f. 13-14
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein

a) « vraie ».


4 novembre [1837], samedi soir, 5 h.

Que devenez-vous donc mon Toto ? Il me semble que ce n’est pas l’heure d’aller chez M. Barthe ? Peut-être avez-vous eu votre avocat, mais il me semble qu’après ou avant vous auriez pu venir me voir une pauvre petite minute, surtout ayant à travailler pour vous [3]. Savez-vous que j’ai une idée là-dessus ? Je crains que vous ne m’ayez pas apporté la suite de la collectiona du Vert-Vert [4] parce qu’il y a un tas de choses sur vous et peut-être sur moi. Si cela était, vous auriez tort de me le cacher parce que j’enverrai [5] dans tous les cas demander dans les cabinets de lecture qui font des collections l’année 1834 et 1833 du Vert-Vert. Enfin je ne manque jamais les occasions qui peuvent servir à me tourmenter. Je ne vous ai pas vu aujourd’hui et voilà que je me figure toutes sortes de bêtises dont pas une n’est vraie. Peut-être que votre absence équivautb [à] tous les malheurs à elle toute seule. Je t’aime tant, mon adoré, que j’ai toujours besoin de te voir. Mme Guérard et la faiseuse de corsetsc sont venues tantôt. Du reste rien de nouveau. J’ai fini mon volume. J’attends les autres avec courage. Soir pa, soir man. Je t’aime je t’aime je t’aime. Je t’aime. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16332, f. 15-16
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein
[Souchon]

a) « colection ».
b) « et qui vaut ».
c) « corcet ».

Notes

[1Juliette se charge de passer en revue les journaux en vue du procès que Hugo a intenté à la Comédie-Française.

[2Ces initiales désignent Casimir Delavigne et Scribe.

[3Juliette se charge du travail fastidieux de dépouillement des journaux en vue du procès que prépare Hugo contre la Comédie-Française (voir les lettres des jours précédents).

[4Journal consacré à la vie théâtrale, fondé en 1832 par Anténor Joly. Hugo y collabora, parfois anonymement.

[5Formule elliptique : il faut comprendre « j’enverrai quelqu’un » (un domestique, la bonne).

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