26 janvier 1852, lundi soir, 4 h.
Ce que je t’écrivais il y a vingt quatre heures, mon cher bien-aimé, je te le confirme de nouveau dans ce moment avec la triste certitude que la destinée ne sera pas longtemps sans exiger l’exécution de ma promesse. Je suis prête à tout, mon pauvre adoré, ta loyauté me donne du courage ; je ne serais sans force et sans résignation que si tu me trompais. Si tu savais, mon Victor, quel amour est le mien. Il contient tous les autres et les résume tous dans une ardente adoration. Tu me tiens aux entrailles comme mon enfant, je te vénère comme [illis.] je t’admire comme ce qu’il y a de plus grand, de plus parfait et de plus sublime en ce monde. Je m’enivre de ta beauté et je vis à ton souffle comme le premier jour où tu m’as dit je t’aime. Aussi tu peux tout me demander, je n’ai rien à te refuser. Si tu me dis va-t-en je m’en irai sans tourner la tête de ton côté. Si tu me dis reste je vivrai à tes côtés dans le bonheur et dans la joie en remerciant Dieu tous les jours et en te bénissant à tous les instants de ma vie. Je t’appartiens corps et âme. Fais de moi ce que tu voudras. Je consens à tout ce qui peut assurer ton repos, ta gloire et ton bonheur.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16370, f. 41 (fin du verso)-42
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette