Paris, 24 avril 1881, dimanche matin, 8 h.
Quelle qu’aita été ta nuit, mon pauvre bien-aimé, tâche de dormir la grasse matinée, ne fût-ceb que pour ne pas voir le vilain temps qu’il fait en ce moment. Quant à moi, forcée de le regarder, je lui rends grimace pour grimace et mauvaise humeur pour mauvaise humeur, attrapéc !
N’oublie pas, mon grand petit homme, que tu as un devoir à remplir envers Saint-Victor qui ne peut ni se refuser ni attendre ; tu as sur ton bureau, tout près, devant toi, toutes les pièces nécessaires, y compris la croix à rosette d’officier de la Légion d’Honneur qu’il doit être impatient, probablement, d’accrocher à sa boutonnière. « Nouvelle chanson sur un vieil air » [1].
Dites-donc, Môssieu, vous devez vingt francsd à votre cuisinière !!!
Parmi les douces choses qui te sont promises aujourd’hui, il y a celle de dîner en famille avec tes petits-enfants. Cette suite de la fête de ton bien-aimé Petit Georges [2] ne sera ni moins tendre ni moins aimable pour toi que pour nous que celle d’hier. Parmi nos invités habituels du dimanche, il y aura Mendès et [Gollier ?] remplaçant les charmantes Meurice [3] absentes ce soir pour cause de bal chez Mme [Chasette ?]. Sans oublier le bon Lesclide et autres, c’est-à-dire tablée complètee d’amis qui t’admirent et qui t’adorent, moi en tête, et plus que tout le monde.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 89
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « quelque ait ».
b) « fusse »
c) « attrappé ».
d) « franc ».
e) « complette ».