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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 avril [1839], mardi matin, 11 h. ½

Bonjour mon petit bien-aimé, bonjour mon Toto chéri, bonjour mon adoré. Votre cocotte est [bien ?] gentille, allez, elle a mangéa le rideau au-dessus de sa mangeoireb, de quoi y fourrer ma tête. Maintenant je ne sais plus où la mettre car il lui faut une bonne température et peu de rideau à sa voracité, c’est embarrassant, vu l’exiguïté de ma chambre. Vous et la cocotte, la cocotte et vous, vous êtes deux petits ANIMALS bien gentils : l’une me mange mon mobilier, l’autre me dévore le cœur, vivez donc après ça. Vous êtes joliment revenu, cette nuit, affreux blagueur. À vous entendre, vous alliez renouvelerc les travaux d’Hercule ……………..d Il paraît que vous avez énormément RABATTU de vos fanfaronnades ? Votre procédé est parfaitement en harmonie avec le temps qui a l’air de vouloir porter le diable en terre. On n’y voit goutte, il fait un froid de chien, c’est pas amusant. Je ne vous demanderai pas à me conduire chez la mère Pierceau, ce n’est pas votre lubie, et puis d’ailleurs vous aimez mieux que je brûle mon bois, mon huile afine d’avoir le plaisir d’en racheter ce mois-ci. Chacun son goût, et je resterai chez moi autant et comme vous le voudrez. Baisez-moi, vieux grognon, et aimez-moi, et faites-moi copire des belles choses bien vite pour que je ne m’ennuie pas et que je puisse supporter vos éternelles absences. En attendant je vais bien vous désirer, bien penser à vous et bien vous aimer. Toto est bien i. Viens donc, Toto, mais viens donc.

(La cocotte Juju)

BnF, Mss, NAF 16338, f. 31-32
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « manger ».
b) « mangeoir ».
c) « renouveller ».
d) Les 17 points occupent toute une ligne.
e) « à fin ».


[9 avril  ?] [1839], mardi soir, 9 h.

Je ne suis pas triste, mon chéri, mais je suis impatiente de vous revoir. Vous me faites toujours de belles promesses qui peuvent passer pour des écoutez s’il pleut car vous n’en tenez aucune ni le jour ni la nuit. Aussi, quand vous m’en faites, je n’ai plus la joie du moment car je n’y crois pas. Cependant je suis une très heureuse Juju. Je suis obligée d’attendre vingt minutes à chaque page à cause de l’absence complètea de la poudre. Il faudra, si je continue de venir chez Mme Pierceau, que j’apporte une petite provision de papeterie. Vous savez, mon petit Toto, que je vous aime ? Vous savez que je ne peux pas vivre sans vous ? parler sans que ce soit de vous, penser sans que ce soit à vous ? désirer, soupirer, adorer autre chose que vous ? Vous êtes un ANIMEAU bien bizarre que vous ne profitez pas de toutes ces bonnes choses-là et que vous les laissez moisir sans vous en soucierb du tout. Un temps viendra où vous regretterez de ne m’avoir pas SAVOURÉEc pendant que j’étais toute fraîche. On va vous descendre de la bougied chez la portière pour vous empêcher de vous enduire de suif depuis les pieds jusqu’à la tête comme vous avez l’habitude de faire. Et puis si vous ne venez pas me chercher de bonne heure, vous aurez affaire à moi. Soir pas. Quand m’achetez-vous des rideaux ? Il m’en faut à présent que votre cocotte ne se nourrit que de ça. Je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 33-34
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « complette ».
b) « souciez ».
c) « SAVOURER ».
d) « boujie ».

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